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Comment rendre à Arno l’hommage qui lui est dû ?


Link [2022-04-26 13:34:10]



Un texte de Daniel Salvatore Schiffer, philosophe (1).

Le chanteur Arno vient, ce samedi 23 avril 2022, de nous quitter, à l’âge encore relativement jeune de 72 ans, vaincu par un incurable cancer du pancréas.

Comment toutefois rendre l’hommage qui lui est dû, véritablement dû, à un artiste aussi immense qu’Arno, le plus belge, avec son inimitable accent flamand lorsqu’il parlait, la voix éraillée par les vicissitudes de l’existence mais l’œil toujours pétillant de malice, son savoureux français, et le plus cosmopolite, par son aura internationale, à la fois ? Même son fameux bégaiement, touchant, semblait résonner, tel le secret d’un écho intermittent, comme les mystérieux interstices de la vie en ce qu’elle a, éphémère mais magique illusion, de plus intemporel.

Un tableau vivant de Brueghel

Arno, c'était un tableau vivant de Brueghel, avec un sens de la fête aux airs de kermesse, revu par le douloureux spleen des éblouissantes « Fleurs du Mal » de Baudelaire, lui qui, à l'instar d'Arno lui-même, s'habillait toujours en noir comme pour, se plaisait-il à dire à ses heures éperdues de mélancolie, « porter le deuil de son époque défunte ». Oui, chantait d'ailleurs merveilleusement bien, à ce propos, Arno dans ce langoureux hymne à l'amour, érotique tango teinté d'intenses mais tragiques notes d'accordéon, qu'est « Elle adore le Noir pour sortir le Soir ». On appréciera également ici, en passant, cette attrayante figure poético-linguistique qu'est, par la similaire suite des syllabes énoncées au sein d'une même phrase, l'allitération !

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